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Travail personnel d'étude et de recherche

Mars 2023 - Janvier 2024 - Travail individuel

Pour un mangeur conscient du paysage, la place des paysages agricoles sur un marché de plein vent

Le cas du marché du Centre-Ville de Talence

          Vitale, l’alimentation nous touche tous et chaque jour. Elle nous rappelle notre soumission à des besoins primaires et nous rattache à la terre. Pourtant, dans notre société moderne, caractérisée par la consommation et bien souvent par la surconsommation, ce lien avec la terre semble bien lointain. C’est pourquoi cette étude a pour objectif de se pencher sur les pratiques alimentaires et leurs conséquences au quotidien. En effet, l’alimentation imbrique de nombreux facteurs, concerne toute la population et implique de multiples enjeux. Elle pourrait être une clé pour réfléchir à une échelle plus large, pour repenser le rapport ville-campagne, pour inclure et valoriser des territoires de production, ou encore, pour éduquer et sensibiliser la population. D’autant plus, que le contexte mondial caractérisé par une crise climatique, une dégradation de la biodiversité et un épuisement des ressources naturelles, auquel nous pouvons rajouter la pandémie de covid 19, met en exergue la fragilité de notre système agroalimentaire. Cela ordonne de se positionner en faveur d’une transition globale, d’une autre manière de s’alimenter, où la sobriété, la durabilité et l’équitabilité sont prépondérants. Or, cette question semble délaissée des politiques paysagères majoritaires et des aménagements paysagers actuels, où la priorité est donnée à des enjeux de confort urbain, aux critères essentiellement esthétiques et fonctionnels. Bien que l’approche écologique soit devenue obligatoire, elle est trop cloisonnée et contrainte par de nombreux facteurs, ce qui la rend presque anecdotique face à l’urgence climatique.

 

         La visibilité des paysages agricoles pourrait être une des clés pour prendre conscience de notre impact individuel et des conséquences de notre alimentation. En effet, les aliments que nous mangeons se traduisent forcement à un endroit sur le globe sous forme de paysage. Car tout produit, avant d’être aseptisé, emballé et poli, a pour origine la terre. Finalement, quand nous consommons un produit, nous consommons également un bout de paysage. Or, le paysage n’est que très peu visible dans notre système alimentaire, alors qu’il peut nous donner beaucoup d’informations sur l’impact éthique que génère un produit. En conséquence, encourager ou faciliter une consommation dite « responsable » ou « vertueuse », permettrait le maintien de paysages agricoles harmonieux, produisant des ressources cohérentes avec leurs zones géographiques, en limitant les intermédiaires et en plaçant le respect de l’environnement comme condition indéfectible de la production.

 

        Cette étude a donc pour but de mettre en évidence l’éloignement des consommateurs vis à vis des réalités territoriales, géographiques, écologiques et même sociales qui se cachent derrière les aliments. Suite à la lecture de nombreux ouvrages sur ce thème, nous avons constaté que la majorité des travaux porte sur la réintroduction de l’agriculture en ville, sur le lien entre les milieux urbains et ruraux, sur la question du terroir et de la qualité des produits en lien avec un paysage par exemple. Or La question des paysages agricoles à travers leur manque de visibilité et l’impact de la consommation des aliments ordinaires n’était pas traité. C’est pour cela nous avons choisi de questionner l’invisibilité des paysages dans le système alimentaire. Ce questionnement s’est resserré sur le fait d’informer les consommateurs vivant en milieu urbain, considérant que ce sont eux les plus déconnectés des paysages agricoles. Nous laisserons alors de côté le rapport au terroir qui a été largement traité, notamment par Robert Pitt, et n’évoquerons que succinctement les AOP, AOC, IGP et autres appellations car elles ne concernent qu’une minorité de produits. De plus, la contrainte de temps, les perturbations dues à une grève de l’ensemble des écoles d’architectures et la nécessité de se concentrer sur un terrain d’étude concret, ont permis de resserrer le sujet sur le cas du marché de plein vent et sur la filière fruitière. Sur le marché nous imaginons des produits frais, locaux, qui ont du goût et qui séduisent l’acheteur dans leur plus simple appareil. Sur le marché pas de marketing, pas de superflus. Mais alors pourquoi ne pas, au minimum, montrer les paysages dans lesquels ont été produits ces aliments ? C’est cette absence des paysages agricoles au sein du marché de plein vent, qui pourtant induit un lien plus poussé avec l’origine des produits, que nous avons voulu également questionner et approfondir.

           La problématique guidant ce travail est la suivante : Dans quelle mesure la mise en visibilité des paysages agricoles peut-elle être un outil de médiation en faveur d’un mangeur réflectif au sein du marché de plein vent ?

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